C’était le thème du club de lecture du mois de septembre Nous étions quatre à explorer la littérature sur le sujet
Laehb a lu

Résumé : L’idée de Samuel était belle et folle : monter l’Antigone de Jean Anouilh à Beyrouth. Voler deux heures à la guerre, en prélevant dans chaque camp un fils ou une fille pour en faire des acteurs. Puis rassembler ces ennemis sur une scène de fortune, entre cour détruite et jardin saccagé. Samuel était grec. Juif, aussi. Mon frère en quelque sorte. Un jour, il m’a demandé de participer à cette trêve poétique. Il me l’a fait promettre, à moi, le petit théâtreux de patronage. Et je lui ai dit oui. Je suis allé à Beyrouth le 10 février 1982, main tendue à la paix. Avant que la guerre ne m’offre brutalement la sienne. S. C.
Roman de 350 pages – se le procurer
Chronique de Laehb
Un roman bouleversant sur la folie des hommes, la folie fratricide qui déchire le Liban, la folie de metteurs en scène plus inconscients que téméraires qui veulent offrir une pause théâtrale dans l’enfer de la guerre, une parenthèse enchantée dans le quotidien déchiré, « associer les communautés dans un même rêve de paix » . Un projet complètement fou, irréalisable. C’était en 1982 et la situation n’a pas beaucoup changé. L’homme n’apprendra sûrement jamais, ne tirera pas de leçon des massacres passés et l’histoire se répétera.
Oui, un roman bouleversant qui, je pense, restera gravé dans mon coeur de lectrice.
Pompimpon a lu

Résumé : Le rapport de Brodeck Je m’appelle Brodeck et je n’y suis pour rien. Je tiens à le dire. Il faut que tout le monde le sache. Moi je n’ai rien fait, et lorsque j’ai su ce qui venait de se passer, j’aurais aimé ne jamais en parler, ligoter ma mémoire, la tenir bien serrée dans ses liens de façon à ce qu’elle demeure tranquille comme une fouine dans une nasse de fer. Mais les autres m’ont forcé : « Toi, tu sais écrire, m’ont-ils dit, tu as fait des études. » J’ai répondu que c’étaient de toutes petites études, des études même pas terminées d’ailleurs, et qui ne m’ont pas laissé un grand souvenir. Ils n’ont rien voulu savoir : « Tu sais écrire, tu sais les mots, et comment on les utilise, et comment aussi ils peuvent dire les choses […]. » Un livre qui fait penser à la fois à Julien Gracq, celui d’Un balcon en forêt, pour les descriptions de la nature, à Dino Buzzati, pour la construction et l’attente qui se crée, et à Primo Levi pour bien des raisons. J -C. P., Livres Hebdo Dans un style finement ouvrage, plein de crépitements, de somptuosités, d’odeurs, d’humus et de feu, Philippe Claudel décrit un monde terrible où le crime est une fonction naturelle du vivant. Serge Sanchez, Magazine littéraire
Roman de 374 pages – se le procurer
Chronique de Pompimpon
Un village de montagne, à la frontière, après guerre. On ne sait pas quel village, quelle frontière, les mots de patois inventés trouvent leurs racines dans une langue germanique.
La guerre, à lire les différents évènements, le parcours effarant de Brodeck, ressemble très fort à la Seconde Guerre mondiale, mais ça n’est pas dit non plus.
Un étranger est venu dans ce village. Il a cristalisé toutes les rancoeurs, toutes les haines, tous les rejets, il a fait ressortir les vilains secrets et les remugles puants du village qui n’en manque pas.
Cet étranger est mort.
Quelques hommes du village chargent Brodeck, absent au moment de l’évènement, d’écrire un rapport.
Brodeck va le doubler du récit de sa vie en une succession de moments, confrontations, souvenirs personnels, retours en arrière, dévoilant les liens qui unissent ou étranglent les villageois, les lâchetés, les faiblesses, ce courage qu’on aimerait avoir en pareille situation, mais l’aurait-on vraiment ?
Effacer les certitudes qui sont les nôtres, fermement appuyées sur nos connaissances, nos préjugés… Philippe Claudel gomme dès les premières pages toute facilité, suspendant à quelques centimètres du sol l’histoire de Brodeck dans ce village encaissé, cerné de forêts profondes ; pas assez pour battre des pieds mais suffisantes pour en avoir le vertige. On tend la pointe des orteils, fort, on ne trouve que le vide.
Il peut être n’importe où, ce village, ils sont n’importe qui, ces gens dont parle Brodeck qui ne s’épargne pas dans le récit. Leurs réactions, leurs épidermes épais comme du cuir ou fragiles comme un papier de soie sont universels, ils sont ce qui nous rassemblent et nous font humains, même si c’est pour le pire.
Les mots nous étouffent lentement. C’est un boa enroulant ses anneaux autour de nous dans une parfaite maîtrise des différents parcours qui se rejoignent inexorablement.
Ces êtres réunis par les mêmes petitesses, une médiocrité partagée, des veuleries voisines, l’auteur nous les décrit dans leur jus, à ras de couardise ou d’indifférence.
Etrangement, parce que le pire n’est jamais certain, parce qu’il est impossible de vivre sans une petite lueur d’espérance, ces mêmes mots réveillent dans le même temps le meilleur en nous, parce qu’on le souhaite forcément à Brodeck, qu’on veut voir la tête haute et le souffle libre, portant loin l’étincelle qui le tient vivant. On le souhaite aussi aux autres villageois, bourreaux et victimes d’eux-mêmes, et à cet étranger qui est venu s’écraser contre le mur de leur haine.
Dans le déroulement du drame, des drames, on se prend à chercher du regard le bleu profond d’un jour qui se lève derrière les montagnes, une aube métallique signalant que non, toute humanité n’est pas abolie.
Toute humanité n’est pas laide et triste. L’air est coupant mais il est pur. Il faut juste continuer à chercher. C’est l’écho que j’entends, la trace qui me reste, une fois le livre refermé. L’écho du nom de Brodeck.
Ranine a lu

Résumé : À New York, au printemps 2008, alors que l’Amérique bruisse des prémices de l’élection présidentielle, Marcus Goldman, jeune écrivain à succès, est dans la tourmente : il est incapable d’écrire le nouveau roman qu’il doit remettre à son éditeur d’ici quelques mois. Le délai est près d’expirer quand soudain tout bascule pour lui : son ami et ancien professeur d’université, Harry Quebert, l’un des écrivains les plus respectés du pays, est rattrapé par son passé et se retrouve accusé d’avoir assassiné, en 1975, Nola Kellergan, une jeune fille de 15 ans, avec qui il aurait eu une liaison. Convaincu de l’innocence de Harry, Marcus abandonne tout pour se rendre dans le New Hampshire et mener son enquête. Il est rapidement dépassé par les événements : l’enquête s’enfonce et il fait l’objet de menaces. Pour innocenter Harry et sauver sa carrière d’écrivain, il doit absolument répondre à trois questions : Qui a tué Nola Kellergan ? Que s’est-il passé dans le New Hampshire à l’été 1975 ? Et comment écrit-on un roman à succès ? Sous ses airs de thriller à l’américaine, La Vérité sur l’Affaire Harry Quebert est une réflexion sur l’Amérique, sur les travers de la société moderne, sur la littérature, sur la justice et sur les médias.
Roman de 864 pages – se le procurer
Chronique de Ranine
Bon, je ne sais pas trop quoi dire… C’est pas mal mais c’est pas non plus le livre de l’année. Je me suis ennuyé par moment, j’ai trouvé l’amourette un peu cucul la praline. L’intrigue est intéressante, mais écrire presque 900 pages dessus, c’est long.
Sally Rose a lu

Résumé :
Dans une Antiquité imaginaire, le vieux Tsongor, roi de Massaba, souverain d’un empire immense, s’apprête à marier sa fille. Mais au jour des fiançailles, un second prétendant surgit. La guerre éclate : c’est Troie assiégée, c’est Thèbes livrée à la haine. Le monarque s’éteint ; son plus jeune fils s’en va parcourir le continent pour édifier sept tombeaux à l’image de ce que fut le vénéré et aussi le haïssable roi Tsongor. Roman des origines, récit épique et initiatique, le livre de Laurent Gaudé déploie dans une langue enivrante les étendards de la bravoure, la flamboyante beauté des héros, mais aussi l’insidieuse révélation, en eux, de la défaite. Car en chacun doit s’accomplir, de quelque manière, l’apprentissage de la honte.
Roman de 204 pages – se le procurer
Chronique de Sally Rose
Dans un pays imaginaire, à une époque non précisée, le roi Tsongor est à la tête d’un territoire immense, conquis par la guerre, dans le sang et la fureur.
Il va marier sa fille avec le prince d’un territoire voisin. Celui-ci s’apprête à venir déposer les cadeaux la veille de la cérémonie. Voilà que se présente un ami d’enfance de la jeune fille et qui vient revendiquer son droit à l’épouser car elle s’était engagée des années auparavant.
Le roi Tsongor est désemparé : dans les deux cas, un engagement sera rompu avec la guerre en conséquence immédiate. Après réflexion, il va prendre une voie pour le moins surprenante.
Ce conte est une merveille. J’ai beaucoup apprécié le style de l’auteur que j’ai découvert à cette occasion. Alors que j’aime davantage les récits ancrés dans le réel, je me suis laissée porter par le charme de cette écriture et j’ai apprécié de suivre les péripéties de ce peuple.
Un magnifique texte