JEUX LIT AVEC SALLY : Le nom d’une ville réelle dans le titre

C’était le thème du club de lecture du mois d’avril

Nous étions quatre à explorer le sujet

Kadeline a lu

Résumé : L’agent Peter Grant ne croyait pas aux fantômes, jusqu’au jour où un étrange personnage lui affirme avoir assisté au meurtre sur lequel il enquête. Un témoin providentiel.. . s’il n’était mort depuis plus d’un siècle ! Et Peter n’est pas au bout de ses surprises : recruté par l’énigmatique inspecteur Nightingale, il intègre l’unité de la police londonienne chargée des affaires surnaturelles. Au programme, traquer vampires, sorcières et autres créatures de la nuit ; faire respecter les divers accords passés entre les forces occultes de Londres ; réconcilier les divinités qui se partagent la Tamise, sans devenir esclave de leurs charmes ; et bien sûr apprendre le latin, le grec ancien et une montagne d’incantations bizarres et pour le moins rébarbatives. Peter doit en passer par là, s’il veut un jour devenir à son tour le dernier sorcier de Londres.. .

Roman de 413 pages – se le procurer

Chronique de Kadeline

Comme beaucoup, avec le début du confinement, la lecture était devenue un peu compliquée. Entre les sujets trop oppressants et un faible niveau concentration, ce n’était pas évident de trouver la lecture qui se laisse lire. Sortir les rivières de Londres a été la meilleure idée que j’ai eu pour me relancer. Il a tout pour passer un bon moment sans avoir besoin de mobiliser trop le cerveau mais sans être une histoire bateau, niaise et mal écrite.
On suit Peter un policier stagiaire qui attend avec impatience son poste définitif. Il rêve d’une affectation dans un service où il serait agent de terrain mais n’ayant pas été très convaincant jusque là, il craint une affectation à la « brigade de la paperasse ». Il compte donc sur sa dernière tournée dans la rue pour changer cette future affectation. Pendant la sécurisation du périmètre d’un meurtre, il est content car il trouve un témoin sauf que surprise c’est un fantôme.
Comme tous les Londoniens, il ne croyait pas au paranormal. Il a donc un témoin mais inutilisable. Cette rencontre le fait entrer dans une brigade secrète  un peu spéciale, dont le chef et unique membre est Nightingale. Trop content d’avoir un poste de terrain, Peter accepte et devient apprenti sorcier. Son recrutement part du fait que l’augmentation des activités surnaturelles impose d’anticiper la mort possible de Nightingale.
C’était génial et hyper drôle. L’univers est riche et très bien construit. On a un folklore lié à la nature impressionnant, avec des dieux et déesses des rivières, des fantômes, des croques-mitaines…
Peter doit apprendre à croire à tout ça et augmenter ses connaissances. Il doit intégrer tout le « manuel de bonne conduite » avec chacun des êtres surnaturels pour leur montrer le respect auquel ils aspirent. En plus de ces études, il doit apprendre la magie, tout en continuant à mener des enquêtes et  en continuant de se rapprocher d’une petite collègue de promo. 
C’est à la fois très bien construit, très foisonnant et accessible. On y est bien, ça se lit sans prise de tête mais avec une histoire qui ne manque pas de consistance ni de qualité. 

Laehb a lu

Résumé : « Dernier appel, annonça une voix douce et un peu désincarnée. Miss Theodofanous est priée de se présenter au contrôle immédiatement. » Dans un coin du hall, une petite fille levait des yeux étonnés vers un homme profondément endormi qui tenait dans la main un panda en peluche. Pendant ce temps, Sir Stafford Nye rêvait qu’il chassait le léopard. Quel rapport y a-t-il entre ces trois personnages en transit sur l’aéroport de Francfort ?

Roman de 256 pages – se le procurer

Chronique de Laehb

J’ai un réel attachement pour la reine du crime et ses personnages hauts en couleur comme Poirot, le renard rusé Marple ou le couple plein d’humour Beresford. J’aime l’ambiance de la campagne anglaise, son charme suranné, les landes verdoyantes qu’elle décrit à merveille. J’aime beaucoup moins ses romans à trame d’espionnage, c’est un genre qui m’ennuie, les complots, les missions secrètes etc, me laissent de marbre. Passager pour Francfort en fait partie, pourtant l’intrigue de début était fort intéressante, mais par la suite, il y a plus de discussions que d’actions et la vision désabusée du monde dans les années 70 en a fait un livre long à lire, peu de plaisir lors de cette lecture. Je pense que c’est assez récurrent dans ses derniers ouvrages, Agatha Christie semble fatiguée et désenchantée.

Maggy a lu

Résumé : M. Gordien est enquêteur privé. Comme il est digne des grands archétypes du genre, il boit plus que de raison, ne sait pas résister au sexe faible et se fait souvent rosser, car il a une fâcheuse tendance à fouiller là où il ne faut pas… Aussi ira-t-il jusqu’au bout dans la sombre affaire de parricide qu’un jeune avocat lui demande de résoudre pour innocenter son client. Avec des pouvoirs de déduction à faire pâlir d’envie le futur Sherlock Holmes. Tout cela ferait peut-être un roman policier banal si Gordien ne vivait à Rome, en l’an 80 avant J.-C., sous la dictature de Sylla. Et si l’avocat ne s’appelait Cicéron… Personne ne connaît mieux les dessous de la ville impériale que notre héros, des riches villas du Palatin aux quartiers mal famés de Subure, où l’on peut recruter des hommes de main pour une poignée de sesterces. Il lui faudra toute sa débrouillardise et son courage pour résoudre l’énigme. Avec un incroyable dénouement…

Roman de 383 pages – se le procurer

Chronique de Maggy

Rome, 80 ans av JC. Cicéron est un jeune avocat de 26 ans, il va plaider sa première affaire d’importance, un parricide. Pour l’aider à monter sa plaidoirie, il fait appel à Gordianus, un enquêteur « privé », à qui il demandera de pister le vrai coupable de l’odieux meurtre.
Steven Saylor est un passionné d’histoire antique et nous livre ici le premier tome d’une longue série qui met en scène un détective privé fictif à travers des faits divers bien réels. L’on découvre ici Gordianus à travers une enquête autour de Sextus Roscius, accusé d’avoir tué son père pour s’emparer de l’héritage que le vieil homme dilapidait dans les lupanars romains. Ce parricide a bien eu lieu,
Cicéron a bien plaidé lors du procès; ce-dernier a d’ailleurs consigné son plaidoyer dans un ouvrage toujours disponible à l’heure actuelle.
L’auteur cherche à rester au plus près de la réalité bien qu’il doive, bien entendu, inventer certains pans de cette « petite histoire » que l’on connait beaucoup moins que la « grande ». Tout y est bien décrit, les décors sont bien plantés, les personnages très réalistes… Et le lecteur apprend une foule de choses sur la vie au quotidien dans la Rome antique. Ce roman est vraiment une très belle réussite dans un registre finalement peu courant.

Les aventures de Gordianus, depuis les bas-fonds de la ville, jusqu’aux logis des plus grands de l’époque, devraient nous entraîner jusqu’à rencontrer Jules César dans de prochains tomes. Je m’en réjouis d’avance..
. »

Sally Rose a lu

Résumé : Empire dérisoire que se sont constitué ceux qui l’ont toujours habité comme ceux qui sont revenus y vivre, un petit village corse se voit ébranlé par les prémices de sa chute à travers quelques personnages qui, au prix de l’aveuglement ou de la corruption de leur âme, ont tout sacrifié à la tentation du réel, et qui, assujettis aux appétits de leur corps ou à leurs rêves indigents de bonheur ou d’héroïsme, souffrent de vouloir croire qu’il n’est qu’un seul monde possible. Dans un village corse perché loin de la côte, le bar local est en train de connaître une mutation profonde sous l’impulsion de ses nouveaux gérants. À la surprise générale, ces deux enfants du pays ont tourné le dos à de prometteuses études de philosophie sur le continent pour, fidèles aux enseignements de Leibniz, transformer un modeste débit de boissons en “meilleur des mondes possibles”. Mais c’est bientôt l’enfer en personne qui s’invite au comptoir, réactivant des blessures très anciennes ou conviant à d’irréversibles profanations des êtres assujettis à des rêves indigents de bonheur, et victimes, à leur insu, de la tragique propension de l’âme humaine à se corrompre. Entrant, par-delà les siècles, en résonance avec le sermon par lequel saint Augustin tenta, à Hippone, de consoler ses fidèles de la fragilité des royaumes terrestres, Jérôme Ferrari jette, au fil d’une écriture somptueuse d’exigence, une lumière impitoyable sur la malédiction qui condamne les hommes à voir s’effondrer les mondes qu’ils édifient et à accomplir, ici-bas, leur part d’échec en refondant sans trêve, sur le sang ou les larmes, leurs impossibles mythologies.

Roman de 208 pages – se le procurer

Chronique de Sally Rose

Matthieu et Libero sont deux amis d’enfance étroitement liés. L’un est parisien, l’autre corse.
Un jour, ils abandonnent la Sorbonne et décident de prendre la gérance d’un bar dans le village de leur enfance.
L’auteur s’inspire du sermon d’Augustin prononcé en 410 alors que Rome est à feu et à sang. On en retiendra que « Le monde est comme un homme : il naît, il grandit et il meurt ».
La démonstration est très habile. Augustin s’exprimait sur la chute d’une civilisation. Jérôme Ferrari nous démontre que chacun a son propre monde qui ne peut que s’écrouler malgré nos efforts car tel est sa destinée par essence.
Matthieu et Libero suivent des études de philosophie qui les laissent abasourdis. Leurs professeurs ne sont pas à la hauteur de la matière qu’ils enseignent. Les deux étudiants considèrent qu’ils ont les atouts et les compétences pour transformer ce bar en le meilleur des mondes possible, telle la formule de Leibnitz (que Voltaire moquera dans Candide). Ils vont mettre beaucoup d’eux-mêmes, laisser filer le succès venu puis assister impuissant à leur échec cuisant.
L’auteur démontre leur prétention, leur suffisance mais aussi la faiblesse de leur âme humaine, leur sincérité, leur courage.
D’autres personnages s’insinuent dans cette histoire dont la vie est à la même image. Notamment Marcel, le grand-père de Matthieu dont les espoirs sont restés lettres mortes. S’acharnant à réaliser ses ambitions, il est passé à côté de sa vie, du monde qui l’entourait : la seconde guerre mondiale à laquelle il assistera de très loin, la chute de l’Empire colonial qui surviendra en même temps que son abandon à son destin.
La sœur de Matthieu, Aurélie connaîtra également des fins de monde mais à la différence des deux autres en aura toujours une prescience qui lui permettra d’accepter et de se reconstruire.
Le style de Jérôme Ferrari va à l’essentiel tout en s’attachant avec précisions à des détails saisissants. Les phrases se déploient, ont la structure de la pensée et élèvent la démonstration à son point culminant.
A titre d’exemple, voici une phrase très emblématique du style de l’auteur qui m’a subjuguée :
(parlant d’un professeur de la Sorbonne) « Et toute cette débauche de moralisme était de surcroît au service d’une ambition parfaitement cynique, il était absolument manifeste que l’Université n’était pour lui qu’une étape nécessaire mais insignifiante sur un chemin qui devait le mener vers la consécration des plateaux de télévision où il avilirait publiquement, en compagnie de ses semblables, le nom de la philosophie, sous l’œil attendri de journalistes incultes et ravis, car le journalisme et le commerce tenaient maintenant lieu de pensée, Libero ne pouvait plus en douter, et il était comme un homme qui vient juste de faire fortune, après des efforts inouïs, dans une monnaie qui n’a plus cours . »
Ce roman m’a émerveillé tant par la démonstration qu’il structure d’une main de maître que par la mélancolie qu’il dégage. L’auteur semble écrire d’expérience comme s’il avait déjà vu le monde disparaître. Il en a acquis un certain réalisme mais en garde un goût de désenchantement.
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